DOCUMENTAIRE, 71 mn
PRODUCTION LABEL VIDÉO, DIFFUSION TVM
RÉSUMÉ DU FILM
Une voiture roule dans le pampa. À son bord, un homme, Jose Muñoz, observe avec nostalgie le paysage. Le dessinateur d'Alack Sinner, bande dessinée au noir et blanc si caractéristique, est de retour en Argentine. C'est la route de l'enfance, celle des souvenirs, celle d'avant le dictature, d'avant l'exil.
Lui reviennent en mémoire le bar tenu par son père, en limite de pampa, où l'on devait déposer son arme dans une caisse glissée derrière le comptoir ; celui de son grand-père, à Buenos Aires, fréquenté par les musiciens des orchestres de tango, avec leurs cheveux gominés et leurs costumes sombres ; la vie des quartiers dans les années 1950, l'ombre et la lumière et puis... les amis disparus.
Un voyage dans l'Argentine de sa jeunesse, en paroles et en dessins.
LA DIMENSION DU VOYAGE
Le film propose un voyage en Argentine en compagnie de José Muñoz. Un voyage dans l’espace tout d’abord, dans les lieux qu’il aime : Buenos-Aires, la pampa argentine. Un voyage dans le passé ensuite, à travers les décors qui ont marqués son enfance et sa jeunesse, mais aussi dans les lieux qui sont pour lui symboliques de la dictature et de l’exil. Un voyage dans l’imaginaire enfin, puisque la mémoire, subjective et sélective, réinvente toujours le passé.
La dimension du voyage est essentielle dans ce projet. Nous sommes dans une quête. C’est le déplacement dans l’espace, mais aussi d’une certaine manière dans le temps, qui sollicite l’imaginaire et permet d’évoquer des lieux, des atmosphères, des souvenirs. L’immensité de la pampa comme le labyrinthe des rues de Buenos-Aires se prêtent à une forme de road-movie.
UNE PAROLE, DES DESSINS
Le film s’articule sur des entretiens au cours desquels José Muñoz nous parle de ce qu’il ressent, de ce qu’il a vécu, de ce qui lui revient en mémoire. Ces entretiens se déroulent, sur place, dans les lieux concernés. Nous le suivons dans ses voyages, dans ses déplacements, dans ses déambulations (la ville, la pampa, les bars, etc.) avec, en voix off, ses propos, ses réflexions.
Mais ce voyage est également source de dessins. S’il s’exprime avec des mots, José Muñoz souhaite également le faire par le dessin et réaliser un ouvrage (illustrations et bandes dessinées) à partir de ce qui surgira au cours de ce voyage. Nous le filmerons donc aussi pendant la réalisation de ce travail. Le film montrera en parallèle les dessins en cours d’exécution et les images filmées en Argentine (lieux évoqués, croquis, notes, etc.).
PROPOS DE JOSE MUÑOZ
Je suis né à cette frontière entre la ville et la pampa, c’est là que j’ai grandi et que j’ai joué dans mon enfance. Je suis du côté où les lumières de la ville cèdent le pas à l’obscurité de la pampa, entre l’ombre et la lumière. Cela apparaît clairement dans mon travail de dessinateur où le blanc est toute la lumière et le noir est toute l’ombre.
J’ai toujours eu l’idée fixe selon laquelle chaque vignette doit être une vision, quelque chose de soudain, d’indépendant, une fulgurance.
Si ce n’est que parfois, elles ne viennent pas. Alors tu te mets à travailler finement, tu fais ceci et cela, et pour finir, dans la version imprimée apparaît quelque chose de digne et de présentable, mais il ne s’est pas agi d’un geste spontané, il n’y a pas de fraîcheur. Je peux y passer dix minutes ou dix ans. Autre chose, dans ces petits espaces, tu ne peux pas faire de grands gestes physiques, car la taille de la page l’interdit. Tu dois faire de petits mouvements, de petits signes nerveux. Et puis tu peux redessiner, agir à coups de blanc pour couvrir les taches noires, ou de blanc sur blanc, à la Malevitch.
Et si tout se passe bien, tu obtiens les extraordinaires pommettes d’Alack Sinner.
De 1966 à 1969, j’ai milité au syndicat de la presse dans l’idée d’organiser la défense des dessinateurs de presse. Ce syndicat se situait à gauche, dans la mouvance d’un socialisme nationaliste. J’étais identifié de gauche et étiqueté rebelle syndicaliste. Après Peron, les juntes successives ont ignoré et méprisé le peuple. Ils lui ont manqué de respect et l’opposition s’est manifestée et a été violemment réprimée. Beaucoup de mes camarades du syndicat de la presse ont brusquement disparus. Dès 1974, je me suis rendu compte que si je retournais en Argentine, j’avais toutes les chances de ne pas rester vivant plus de quelques jours.