DOCUMENTAIRE, 49 mn, 1999
PRODUCTION PÉRIPHERIE
DIFFUSION PLANÈTE, 2001
EN TANT QU'ÉCRIVAIN, J'AI ENVIE D'ÊTRE TOUJOURS EXCENTRÉ ET DE REGARDER L'HISTOIRE PAR SES MARGES. DIDIER DAENINCKX
RÉSUMÉ DU FILM
Didier Daeninckx possède une qualité rare, l'art de décrypter les choses inertes, de deviner leur vie secrète, de restituer leur passé et les événements dont elles ont pu être les témoins, de pressentir leur devenir tout en captant leur présent fugitif. Jean-Pierre Deloux, Polar n°7.
Portrait de Didier Daeninckx au travail, entre sa maison d'Aubervilliers, le Port de Strasbourg et les Mines de Potasse d'Alsace, décors de son prochain roman. Précisément là où l'empreinte des hommes et du passé recoupe sa propre histoire familiale et nourrit son imaginaire d'écrivain. Didier Daeninckx, auteur de roman noir, regarde l'Alsace d'hier et d'aujourd'hui “à sa manière”.
1977, l'inspecteur Cadin est nommé à Strasbourg dans un contexte de crise économique et de luttes sociales consécutives à la fermeture annoncée des mines de potasse et à la construction des premières centrales nucléaires. L'auteur, en repérage, se glisse dans la peau de son personnage et nous plonge dans les années 1970. Il nous fait découvrir les marques laissées sur les hommes et les paysages de cette région, par 150 ans d'une histoire industrielle qui s'achève. Il débusque aussi quelques spécificités alsaciennes. Aussi bien l'histoire des fresques de l'Aubette, crées dans les années 1920 par Hans Arp, Sophie Teuber et Théo van Doesburg, un monument de l'art moderne dont la disparition sera faussement attribuée aux nazis jusque dans les années 80, que cet épisode totalement méconnu de notre Histoire, quand du 7 au 22 novembre 1918, un demi-siècle après la Commune, des soviets d'ouvriers, de paysans, de soldats, dirigèrent les villes de Strasbourg, Metz, Colmar, jusqu'à l'arrivée des régiments français venus, à marche forcée, rétablir l'ordre.
FICHE TECHNIQUE
DIDIER DAENINCKX, L'ÉTAT DES LIEUX. Un film de Pierre-André Sauvageot. Image : Ivan Kozelka. Son : Pierre Camus. Montage : Christine Monge. Musique originale : Serge Paget. Une production Périfilms. Avec le soutien du Centre National de la Cinématographie, de la communauté urbaine de Strasbourg, de France 3 Alsace, du ministère de la culture / Direction du livre, de la Procirep, de Périphérie / centre régional de création cinématographique / partenaire du Conseil Général de la Seine-Saint-Denis.
PRESSE
TÉLÉRAMA n° 2667 - 21 février 2001
Vingt ans ont passé depuis son premier roman, Mort au premier tour, écrit en 1977. Pour Didier Daeninckx, ce polar ne tient plus la distance. Il doit le réécrire : « Je ne peux plus le voir, j’en ai honte », dit-il. Tel est le point de départ du film réalisé par Pierre-André Sauvageot. Accompagnant le romancier dans cette nouvelle version du roman, il tente de mieux comprendre le fonctionnement, la pensée, l’objectif d’un écrivain engagé qui se définit dès les premières images comme un excentré. En 1977, Daeninckx vient de quitter le métier d’ouvrier imprimeur, il écrit cette première intrigue d’un jet, sans mettre les pieds en Alsace, imaginant les lieux et les faits, porté par l’histoire, le personnage de l’inspecteur Cadin, la volonté politique. En 1997, le même homme a appris un certain nombre de choses, intégré quelques principes rigoureux : la multiplicité des points de vue, le refus d’utiliser la première personne et, plus encore, la nécessité de repérer les lieux pour s’installer dans la réalité afin d’exprimer librement la fiction. On suit Didier Daeninckx dans les rues de Strasbourg, dans les banlieues où les usines désaffectées vivent leurs dernières semaines avant démolition. Le petit carnet de l’écrivain se remplit de notes sibyllines. Puis vient le temps de l’écriture dans le pavillon d’Aubervilliers, le bureau sous les toits, entouré de documentation, d’articles sur des faits divers et de livres souvent feuilletés. Simplement, subtilement, ce document s’installe au cœur même de la création littéraire, parvient à dire pourquoi et comment le romancier s’approche d’un sujet, le hume, le construit, le rédige. Tout ce processus a l’air si simple, et pourtant... Christine Ferniot.