CHANTAL MONTELLIER, LA PART D'ENFANCE >

DOCUMENTAIRE, 54 mn

PRODUCTION LABEL VIDÉO

DIFFUSION TL7 Télévision Loire 7, 2007

 


RÉSUMÉ DU FILM 

Portrait de Chantal Montellier au travail, pendant la réalisation d’une bande dessinée en cours d’exécution Les damnés de Nanterre qui revisite, avec acuité et intelligence, un fait divers hors du commun  : l’affaire Rey-Maupin.

L’affaire Rey-Maupin, ce fut, un matin d’octobre 1994, un visage d’ange noir à la « une » des journaux. Deux yeux de pierre sombre qui fixaient, défiaient le lecteur, mais plus certainement manifestaient un terrible désarroi. Florence Rey, « héroïne » d’un fait divers qui venait de faire cinq morts – trois policiers, son compagnon Audry Maupin et un chauffeur de taxi – refusait obstinément de parler. Ce fut un épais mystère qui ne fut jamais complètement exploré.

Chantal Montellier revisite aujourd’hui par le dessin, en mêlant textes et graphismes, cette affaire incompréhensible quant aux motivations réelles des deux jeunes gens. Elle nous en restitue le contexte historique, observe avec distance le traitement des faits par la presse, interroge le fonctionnement de la justice et constate l’absence de leçon que notre société a tiré de cette affaire dramatique.

C’est à travers son regard sur cette jeune fille, Florence Rey, en l’accompagnant dans son travail, en l’interrogeant sur ses choix graphiques et politiques, mais aussi sur son enfance – qui recoupe par certains aspects celle de Florence Rey – que se construit le portrait de cette artiste atypique toujours en révolte.

 

PROPOS DE CHANTAL MONTELLIER 

Aborder cette histoire par le texte, la lecture, les mots est une chose, l’aborder par le dessin en est une autre. Le fait de dessiner révèle d’autres choses... Dessiner permet de mieux comprendre les personnages à travers leurs visages, leurs traits... Le dessin produit de l’imaginaire, de l’esthétique, une dimension moins rhétorique, peut être moins logique mais qui s’adresse plus directement à l’inconscient. Par exemple dans cette histoire, toute une iconographie qui va du constructivisme russe aux situationnistes, en passant par l’art engagé, a surgi. Toute une famille d’images, toute une culture, tout un imaginaire qui nous éclaire sur les protagonistes.

 

Est-ce que je me sens des affinités avec Florence Rey ? Oui et non ! Au sens où je pense que si je n’avais pas eu la possibilité de sublimer la violence qui est en moi, j’aurais pu aussi, à une certaine époque de ma vie, passer à l’acte. Enfin, en tout cas dans un certain contexte, si l’occasion s’en était présentée. Je pense que, heureusement pour moi, le plaisir du dessin et la création ont pris le relais de cette violence. Disons que je peux la comprendre ! Je peux comprendre sa violence, les raisons de son passage à l’acte. Je peux aussi comprendre son rapport à ce garçon, Audry Maupin, qui est assez moteur dans cette histoire. Ce besoin du fusion...

Je dirais qu’elle avait aussi un côté petite fille perdue ! Je la vois comme une victime. J’ai le sentiment qu’elle a été totalement dépassée par les événements. Je la vois d’autant plus comme une victime qu’au bout du compte, expertise balistique à l’appui, elle n’a tué personne. Elle n’a pas réellement de sang sur les mains. Par contre, elle fait réellement 20 ans de prison.

Ce qui m’intéresse aussi, c’est d’aller gratter derrière l’image qu’en ont donnée les médias. Quel était le personnage réel ? Il y a quand même un refoulé immense dans cette affaire, c’est la dimension de souffrance personnelle et familiale de Florence Rey. Cet aspect n’a été pris en compte ni par les médias qui l’ont en général diabolisée, ni par le procureur général, cette femme qui représentait l’ordre et la sécurité et qui ne lui a trouvé aucune circonstance atténuante, alors même que le dernier des psy aurait pu lui dire que... Bon, donc tout ça m’intéresse... Car la société a une part de responsabilité dans cette affaire. On vit dans une société où les gens en souffrance ont peur de dire leur souffrance. C’est une société perverse. Elle conduit des individus à ce type de comportement.

Je pense qu’à un certain moment de mon existence, j’ai été assez proche de ça.

 

FICHE TECHNIQUE 

CHANTAL MONTELLIER, LA PART D'ENFANCE. Un film de Pierre-André Sauvageot. Image Pierre Demoy. Son Stéphane Kayler. Montage Véronique Holley. Musique originale freeBidou enregistrée au studio Le Snark. Production Raffaele Ventura. Une coproduction TL7 Télévision Loire 7, Label Vidéo, Copyright Associés. Avec le soutien du Centre National de la Cinématographie, de la Procirep ANGOA et la participation de la Région Rhône-Alpes.